Un nouvel article qui répond
bien au pourquoi du comment. Cette visite s’inscrit parfaitement au tableau de
ma passion : mon métier. Je suis intarissable lorsque l’on me lance sur ce
sujet. En feuilletant les guides touristiques du Far West du Québec (Comprendre
l’Abitibi Témiscamingue), je suis tombée sur la page vantant les mérites de ce
dispensaire. Je l’ai donc cornée, en vue de m’y rendre.
C’est chose
faite !
Le dispensaire de la Garde se
situe à La Corne, à environ 132 kilomètres à l’Est de Rouyn Noranda. Le passage
est obligé par Amos, vu qu’il n’existe pas de route/pont permettant la traversée
du Lac Malartic.
De l’histoire, encore de l’histoire !
Dans les années 30, le Québec est en pleine crise économique, le gouvernement met
en place des plans pour inciter les chômeurs de la ville à coloniser les terres
nouvelles. [Dis donc, on pourrait presque faire un parallèle avec les déserts
médicaux en France !]
Evidement, aucuns médecins ne voulaient s’installer dans ces contrées plutôt hostiles! Ainsi, pour assurer des services médicaux à ces colons, le gouvernement a recours à des infirmières de colonie. La sélection était faite sur concours et seul (e)s les meilleur (e)s étaient retenues.
Evidement, aucuns médecins ne voulaient s’installer dans ces contrées plutôt hostiles! Ainsi, pour assurer des services médicaux à ces colons, le gouvernement a recours à des infirmières de colonie. La sélection était faite sur concours et seul (e)s les meilleur (e)s étaient retenues.
Ce ne sont pas des médecins,
mais presque. La colonisation d’un pays neuf n’a rien d’une sinécure. Entre les
paysans, les mineurs et les bûcherons, les heures de travail sont longues et
les risques d’accidents élevés. Dans cet univers rude, l’infirmière de colonie
s’applique à pallier l’absence d’hôpitaux et de médecins. Sa tâche ne comporte
pratiquement aucune restriction. Elle dispense tous les soins imaginables
depuis le réconfort des colons démoralisés jusqu’à l’amputation d’une jambe
sectionnée lors de l’éboulement d’une galerie. Elle avait aussi un rôle de
prévention et d’éducation à l’hygiène.
A l’époque, être garde malade
était bel et bien une vocation. C’était même nécessaire : soignante,
sage-femme, dentiste, chirurgienne, pharmacienne, et à l'occasion vétérinaire,
l'infirmière de colonie était disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, là où
les médecins refusaient de s'installer. Dans sa communauté, la garde-malade
jouit d’un statut de notable, au même titre que le curé ou l’institutrice. Par
conséquent, elle doit observer une conduite exemplaire. Son rôle lui interdit
aussi de se lier à certaines personnes plus qu’à d’autre afin d’éviter les qu’en
dira-t-on, les rivalités et les conflits d’intérêts. Ce n’était pas des
religieuses, mais elles n’avaient pas le droit de se marier. Pour maintenir sa
place, elle doit faire preuve de retenue, de discrétion et de maturité.
Bien que son cabinet et son
loyer soient attenants, l’infirmière de colonie ne dispose que de peu de temps
pour son organisation domestique. Son travail la contraint à une disponibilité
constante. Ainsi, dans bien des cas, l’infirmière doit recourir au service d’une
aide pour entretenir sa maison. En plus des tâches ménagères quotidiennes,
cette personne reçoit les patients et tient l’agenda. Souvent, c’est une
parente ou une amie qui joue ce rôle de soutien.
Ce dispensaire est celui de
garde Gertrude Duchemin. Après trois années d'études à l'Hôpital de Lachine,
sur l’île de Montréal, elle devient garde-malade enregistrée en 1932. Elle
exercera sa profession à Montréal avant de devenir infirmière de colonie en
décembre 1936, pour desservir les cantons de La Corne et de Vassan en Abitibi. Pendant plus de 40 ans, elle accomplit un travail aussi faramineux
qu’extraordinaire qui la satisfait pleinement. La population lui manifeste une
confiance à toute épreuve. Avant de franchir le seuil
de sa vie, à 80 ans, Garde Gertrude Duchemin, manifeste le souhaite que le
dispensaire où elle a exercé sa vocation d'infirmière (1936-1976) devienne un
lieu historique qui rende hommage aux infirmières de colonie, tout en faisant
connaître au public l'évolution de la profession d'infirmière et des soins de
santé au Québec.
La Commission des lieux et
monuments historiques du Canada a classé en mai 2004, Le Dispensaire de la
Garde de La Corne, comme Lieu Historique National du Canada. Il est donc unique
en son genre !
Au Québec,
il y a eu 174 dispensaires, dont 61 en Abitibi-Témiscamingue.
Maintenant, mes impressions. Nous
avons eu le droit à une super visite, effectuée par une infirmière passionnée !
Une infirmière de colonie encore en activité s’est jointe à nous. Pour en
savoir plus sur Garde Monique Lachance
Vous devez vous dire que le
métier est loin d’être le même que celui d’aujourd’hui. Je vous l’accorde. Mais
une base reste commune : le dévouement et la relation à autrui. Durant
cette visite, j’ai ressenti cette fierté d’être infirmière. Il y avait une
petite vidéo et les mots prononcés par garde Eva Morin m’ont bouleversée … J’ai
presque failli lâcher une petite larme. Je suis incapable de vous redire ses
paroles, mais je ne pense pas que se soit le « contenant » mais bien
le contenu qui m’ait tant touchée. Et ça, c’est bien propre à chacun.
Quelques autres photos:
Il y a de quoi droguer tout un régiment! |
L'ancêtre de notre dossier de soins |
Oooh Floreeeeeeence! |
L'alcool c'est mal! |
À l'époque c'est un peu une vie de merde à moins d'être lesbienne, avoue!
RépondreSupprimerJ'avouuuuuue!
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