jeudi 17 octobre 2013

Histoire du Québec: seconde moitié du XVIIIème siècle au sursaut de la Nouvelle France



                Je ne le répèterai jamais assez : contexte, contexte et contexte. Le XVIIIème siècle, le siècle des Lumières. Comme dit dans le dernier article, Louis XIV rend l’âme en 1715. L’histoire se répète : il laisse comme successeur un enfant de 5 ans. Jusqu’à sa majorité (13 ans et 1 jour !), c’est le neveu du défunt roi, le Duc d’Orléans, qui assurera la Régence. Les finances sont catastrophiques. En 1718, la Nouvelle Orléans est fondée et la Traite des Noirs commence. Louis XV monte sur le trône, en 1723, mais il ne montre pas une réelle volonté de régner. Il délègue indirectement ses pouvoirs à ses favorites (Madame de Pompadour par exemple) qui « placent » leurs pions. Il meure le 10 mai 1774, et son petit fils devient roi, nommé Louis XVI. C’est le siècle de l’avènement de la Démocratie. 

                Au milieu du XVIIIème siècle, la Nouvelle-France suscite bien des convoitises. Pour rappel, voici, à peu près, l’étendue de cette dernière.

La Nouvelle France au XVIIIème siècle, après le traité d'Utrech

                Cependant, il faut full personnes pour peupler une telle immensité. Ce n’était pas le cas dans les années 1754 : à peine 70 000 habitants, dont la majorité vit dans la vallée du Saint Laurent. Cette répartition est encore valable aujourd’hui : 80% de la population Québécoise vit sur les rives du fleuve. Les déséquilibres étaient énorme entre les Franco-canadiens et les Anglo-américains. Leurs 13 colonies, très prospères, étaient principalement concentrées sur le littoral Atlantique. Ces colonies sont très autonomes et en avances : presque toutes sont pourvues d’un Parlement et d’une milice locale. Nonobstant, elles ne sont pas unies. Le visionnaire Benjamin Franklin (le monsieur sur les billets de 100 $US !), souhaitant en faire une grande Nation, verra son projet rejeté. Il finit par y arriver: il participera à la rédaction de la Déclaration d'Indépendance des États Unis d'Amérique le 4 juillet 1776. Comme quoi il faut "avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit" (Oscar Wilde)! Mais ça, c'est encore une autre histoire ...

Benjamin Franklin, un des Pères Fondateurs des États Unis

                La menace est grande pour les Franco-canadiens : ils sont oppressés par leurs adversaires de toujours avec la fondation de la Nouvelle Écosse à l’Est et certains Américains convoitent des terres plus à l’Ouest, dans la vallée de l’Ohio. Les Anglo-américains se sentent bloqués et/ou encerclés dans leur développement. 
En 1754, les Français achèvent la construction du Fort Duquesne (Aujourd’hui, il s’agit de la ville de Pittsburgh, en Pennsylvanie), prit comme une véritable provocation par les Américains de Virginie. Ils envoient alors un homme se nommant George Washington (Celui sur les billets de 1$US !). 

Le premier Président des États Unis
Washington au Mont Rushmore





















Il embrasse sa grande destiné alors qu’il n’est âgé que de 22 ans. Washington est à la tête de 120 miliciens alors que les Français ne sont qu’une trentaine. Toutefois, Joseph Coulon de Villiers de Jumonville ne se laisse pas impressionner : il part à la rencontre des miliciens Virginiens et leur ordonne de quitter les « terres du Domaine du Roy ». Son courage ne le sauvera pas de la mort : à peine sa phrase finit qu’un Amérindien allié aux Virginiens lui fend le crâne avec son tomahawk. Cette scène d’épouvante déclenche un affrontement sanglant remporté par les plus nombreux ! Les Franco-canadiens, alliés avec des Amérindiens, et mené par le frère de De Jumonville ripostent dans le mois qui suit. La victoire est facile mais ça ne fera que remettre le feu aux poudres !


                Clairement, ces affrontements engendrent le triste volet historique du « Grand dérangement ». A la suite du traité d’Utrech, l’Acadie est cédée aux Anglais. Et ces derniers la rebaptisent : Nouvelle Écosse. Les Anglo-américains se méfient énormément des Acadiens. Pourtant, afin de conserver leur religion et leurs terres, ces catholiques de souche Française s’étaient engagés à rester neutres en cas de conflit entre l’Angleterre et la France. Les Anglo-américains brisent ce « contrat » et exigent des Acadiens qu’ils servent pour la couronne britannique. Les Acadiens refusent. Ils se retrouvent déportés ! 

Ordre d'expulsion des Acadiens


Durant l’été et l’automne 1755, environ 12000 hommes, femmes et enfants seront parqués comme du bétail et disséminés dans des colonies Américaines, en Louisiane et en Europe (C'est sans doute pour ça qu'il y a une fête des Acadiens à Saint Aubin, en Normandie!). Plus de 7000 personnes auraient été victimes de ce nettoyage ethnique. 


                Comme je vous l’ai déjà dis, le climat politique en métropole influençait grandement celui des colonies. Le 8 juillet 1755, Paris et Londres rompent officiellement leurs relations. Hé oui, les Français n’ont pas trop apprécié qu’un amiral Anglais coule deux de leurs vaisseaux de guerre au large de Terre Neuve. Étrangement, c’est l’Angleterre qui déclare officiellement la guerre à la France le 18 mai 1756. C’est le début de la Guerre de Sept Ans. Par jeux d'alliance, l'Angleterre se retrouve favoriser sur le continent européen, contrairement à la France. Ainsi, la couronne britannique peut concentrer le gros de ses troupes dans les colonies. 

Mais rien n'est encore perdu ...

Cette partie de l'Histoire se joue entre plusieurs protagonistes: 

- William Pitt, un orateur passionné qui n'a rien d'un courtisan, considéré comme un sauveur par l'Angleterre. Sa principale idée: c'est en Amérique que les Anglais pourront vaincre leur plus vieil ennemi, et non sur les champs de bataille du Vieux Continent.

William Pitt



- Louis-Joseph de Montcalm, un militaire qui a de la bouteille et qui compte dans ses décorations la plus haute distinction militaire du royaume de France: la croix Saint Louis. Il est aux commandes de l'armée de Nouvelle France. 

Louis Joseph de Montcalm


La force de Montcalm est dans son entourage: - le chevalier de Lévis, second du commandant Montcalm. Il est courageux, intrépide et fin diplomate. 

Chevalier de Lévis

                                                                                  - Louis-Antoine de Bougainville, l'aide de camp. Il est déjà un homme de science reconnu et il laissera d'importants récits de voyage autour du monde...

Louis Antoine de Bougainville
  Deux batailles donnant la victoire aux troupes de Montcalm montrent de façon significative que le sort de la Nouvelle France n'est pas encore déterminé.

Mais toutes ces batailles méritent un article complet, avec plein de carte! Suspens ...


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