mercredi 23 octobre 2013

Mes premiers pas dans le monde hospitalier Québécois



                Mes premiers pas dans le monde hospitalier Québécois … AAAaaaah il me tardait de l’écrire cet article … Nous allons jaser des banalités et des anecdotes … Et il y en a !

                Premièrement, j’ai du revoir mon vocabulaire. Une casaque est une jaquette, voir une jaquette à pitons (des casaques qui peuvent se déboutonner au niveau des épaules, pour faciliter les changements lorsqu’il y a des perfusions, nan, pardon, des solutés. Eux même suspendu aux poteaux à soluté …). Ensuite, je me suis sentie bien bête lorsque l’on m’a demandée une bassine et que j’ai ramené, baaaah, une bassine au lieu d’un plat bassin. Sans parler de mes grands moments de solitude face à une requête de plat à mains (une bassine pour le coup !), de débarbouillettes (des gants de toilettes !), de pichous (des chaussons), de monter les ridelles (les barrières) d'un lit, où encore d’emmener un patient client dans un cubicule (un box). Imaginez mon désarrois en voyant l’incompréhension sur le visage d’un patient alors que je lui demande simplement où sont ses chaussettes (des bas) et s’il veut un pull (un chandail) aujourd’hui, ou dans les yeux d’une collègue quand je parle d’accompagner un patient à la radio : « la radio ? Pourquoi tu veux une radio ? » Aaaah pardon, je l’accompagne aux rayons X. J’ai apporté des cabarets (des plateaux) aux clients puis je les ai « pitché » (« lancé ») dans un buggy (un chariot). Je me suis barouettée (trimballée) dans les corridors (couloirs), afin d’aller chercher l’eau à l’abreuvoir (Nan, je ne suis pas allée jusque dans une étable pour cela, il s’agit simplement d’une fontaine) pour les patients ou bien pour peser (appuyer) sur les pitons (boutons) des cloches (sonnettes) déclenchés par ces derniers. J’ai provoqué quelques fous rires à mes nouvelles collègues lorsque j’ai dis à un patient client alité, à qui on changeait les draps, que ça allait lui faire une boule dans le dos (les boules pour les Québécois, ce sont les seins …), ou encore quand j’ai réclamé une piquette au lieu d’un piquet (une alèse). C’est mon âme d’alcoolique fauchée qui veut ça ! :D 

Après, j’ai bien rigolé aussi quand une infirmière a parlé de changer la collerette d’un client … Bon, j’avoue que je ne sais pas trop encore ce qu’est une collerette au Québec, mais certainement pas la même chose qu’en France ! Puis comprenez le free for all (méli mélo) dans ma tête avec des phrases pourvues de double négation. Extrait : « Bon, fek (fait que) dans l’cubicule 5, y a pas personne. » « Donc il y a quelqu’un, s’il n’y a pas personne … » « Béh nan, enfin, il n’y a pas personne pas pantoute »  « Mais attend, pas pantoute, ce n’est pas pas du tout ? :P » « Raah ostie gang d’Français, vous vous compliquez trop la vie ! :D »

Bref, de bonnes parties de rigolade … Hé oui, c’est dur de travailler sur le plancher (sur le terrain !) …

                Deuxièmement, concernant mes premières impressions. Déjà, je ne vois pas les infirmières courir partout, ni même les préposé(e)s aux bénéficiaires (les aides soignants). Il y a de l’ouvrage, mais elles ont l’air en nombre. Ensuite, il n’y a pas 2 types d’infirmières, mais 5 !!! Déjà, je vais vous mettre un organigramme que j’ai eu via le Regroupement des Infirmières Française au Québec (RIFQ), faisant le comparatif entre les études d’infirmières au Québec et en France, avec l’ancien et le nouveau diplôme. Sachez juste mes chers confrères et mes chères consœurs diplômé(e)s d’avant 2012, l’Accord de Reconnaissance Mutuelle, de juillet 2011, entre l’ordre infirmière Français et Québécois : c’est du vent ! Ils refusent de nous reconnaître clinicienne (donc Bachelière !) avec des arguments aucunement recevable et [presque] vexant. Nous avons un sous diplôme par rapport aux diplômé(e)s de 2012, aux yeux du Ministère de l’Immigration et des Communautés Culturelles. 



Et juste pour faire enrager mes consœurs et confrères d’avant 2012, voici un comparatif des études d’infirmière en France! C’est vrai, c’est un sous diplôme, tout en faisant plus d’heure … Il faut m’expliquer O_o



                C’est difficile de faire un descriptif précis de ces métiers, puisque chez nous, il n’existe qu’une seule infirmière (Désolé, je mets au tout au féminin, j’en ai ras le bol de cette langue Française sexiste, il y a une majorité de femme dans ce corps de métier !). Alors imaginez que notre infirmière de soins est divisée en trois : l’auxiliaire, l’infirmière et la clinicienne. Référez vous à l’organigramme pour voir les études. Concrètement, entre l’infirmière et l’infirmière clinicienne, sur le « plancher », il n’y a aucune différence. Mais forcément, il y en a, sinon, pourquoi faire un baccalauréat en Sciences Infirmières ? Les différences réelles sont le salaire et l’évolution de carrière ! 

Alors qu’une infirmière commence sa carrière à 23$CA de l’heure, la clinicienne est au moins à 27$CA brute … Sachant que chaque année, il y a une augmentation de salaire d’environ 1 à 2$CA horaire brute. Juste une parenthèse, ne vous faites pas avoir par ces taux horaires alléchants, en retirant 20% de taxes puis en ramenant en euros, 23$CA horaire représente environ 13€ ! Cependant, votre salaire bi hebdomadaire est du net de chez net, l’impôt est prélevé à la source ! Et 23$CA, c’est le moins qu’une infirmière puisse être payée (sauf si elle est auxiliaire !). 

Niveau carrière, une clinicienne pourra accéder à des postes d’encadrements, ou des postes dans les CLSC (Centre Local de Santé Communautaire) qui serait l’équivalent de nos infirmières libérales. 

Un peu plus haut, je parlais de 5 types. Voici les deux dernières : 

La praticienne. Les Québécois ont compris tout l’intérêt de former une infirmière aux affections longues durés et chroniques pour désengorger les services d’urgences et les cabinets médicaux. Un petit rappel sur le système de santé Québécois. Il est presque semblable au notre. Nonobstant, il y a une pénurie de médecin et pour en rencontrer un, il faut faire partie de sa liste de client (Sans doute une idée farfelue des Anglais !). Pas de médecin de famille, pas de médecin simplement. Ca veut dire aller aux urgences. Le terme bobologie prend encore plus son sens qu’en France ! Nombreux Québécois sont sans médecin. Actuellement, en Abitibi Témiscamingue, il y a 15 médecins (je crois qu'il s'agit du quota du ministère) et chaque médecin à 600 patients sur sa liste. Avec une infirmière praticienne, il peut doubler sa liste. Aujourd’hui, seul 3 médecins travaillent avec une praticienne. Cela donne des heures et des heures d’attentes dans la salle des urgences … Mais comme en France, ces infirmières font « peur » aux médecins … 

L’inhalothérapeute. Avant d’arriver au Québec, je pensais que l’inhalothérapeute était l’équivalent de l’infirmière anesthésiste. PANTOUTE ! Il s’agit simplement d’une spécialité d’infirmière, au niveau auxiliaire. C’est une spécialité « poumon » : elles intubent, elles écoutent, elles surveillent les paramètres des respirateurs … Bref, une infirmière anesthésiste sans l’anesthésie ! 


Bref, l’impression, pour le moment, c’est qu’il y a beaucoup de monde très qualifié dans un domaine et non une personne qualifié globalement … J’imagine les réunions d’équipe lorsqu’il faut débattre d’une situation d’un patient … 

Je vais doucement évoluer dans ce nouveau monde, en m'adaptant du mieux que je puisse! En tout cas, l'accueil "administratif" est plus que très positif ... Je n'ai jamais été accueilli de la sorte par une administration!

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