J’ai beaucoup de retard on dirait
… Je ne vais plus dire que c’est une rétrospective d’une semaine, ça commence à
faire loin !
Bref, de quoi je ne vous ai pas parlé
… Ah oui, de la ville de La Sarre, de l’Ile Nepawa et du Lac Abitibi. Tout ça,
dans le même secteur !
La
Sarre, une des grandes villes de l’Abitibi Témiscamingue, à environ 85 km au
Nord de Rouyn Noranda. Pour s’y rendre, nous passons presque obligatoirement
par la ville de Duparquet, les pieds dans l'eau du lac du même nom. J’ai déjà vanté les mérites de ce dernier. Mais pour le
plaisir, une petite photo !
Avec des montagnes en arrière plan
dont je n’arrive pas à trouver le nom ! Peut être sont elles en Ontario ! En tout cas, je ne trouve pentoute, même en cherchant sur des cartes routières!
Après
environ 1h30 de route (en prenant son temps !), nous arrivons à La Sarre.
Ville où s’est déroulée la Saint Jean-Baptiste. Pour ceux qui n’ont pas suivis
cet épisode, rattrapage iccitte !
Nous avons visité le centre d’interprétation
de la foresterie, à l’office du tourisme. Il s’agit d’un lieu retraçant l’histoire
de l’Abitibi. Vous y trouverez une collection d’outils forestiers de l’époque
de la « viabilisation » de ce territoire. La chronologie de la région
se fait à travers la foresterie, la géographie et aussi, un peu d’archéologie.
Lors
de la visite, nous avons entendu parler du métier de bûcheron, mais aussi de
draveur. Ce dernier n’existe plus et il ne revit que dans les histoires
familiales ! Avant d’arriver au Québec, je ne savais pas ce qu’était un
draveur, et encore moins ce qu’était le flottage du bois ! Mais après m’être
penchée sur la question, j’avais cette connaissance. Vous aussi, j’en suis
sure. Cherchez un peu dans l’imaginaire collectif de la représentation du
Québec, en particulier du bûcheron !
C’est ça, un draveur. Typiquement.
Un draveur debout sur des billes de bois. Les personnes de ma génération,
vivant en France ou ailleurs dans le monde que le Québec ne doivent pas culpabiliser
de ne pas connaître. Je m’explique.
A
l’origine, les bûcherons ayant passé tout l’hiver à couper du bois dans les forêts,
attendaient le dégèle pour envoyer toutes ces pitounes sur la rivière, vers la
scierie, papeterie, en aval.
Une
petite parenthèse sur le mot « pitoune ». C’est tout simplement une
bille de bois, une belle bille de bois, bien dimensionnée, en Québécois. L’origine
étymologique viendrait de l’anglais Happy Town. C’était l’endroit où les
bûcherons allaient voir de belles filles pendant leurs congés. C’est devenu au
fur et à mesure « a pitoune » pour l’oreille francophone.
Beaucoup de mot Québécois sont à
la base des mots anglais, contractés et déformés. C’était volontaire de la part
des Français du Canada (Le Québec n’existait pas encore !) : lorsque
les Anglais avaient de nouveau colonisés ces lieux, les patrons étaient des anglophones,
les ouvriers étant alors les francophones. Ces derniers employaient ce langage
afin de ne pas se faire comprendre de leurs supérieurs ! Malin !
La
pitoune et le métier de draveur évoquent une image romantique dans la mémoire
collective Québécoise. Mais en 1988, la rivière Saint Maurice était la seule où
flottaient encore des billes de bois. Pour que vous imaginiez un peu ce qui
pouvait défiler sur cette rivière, il est communément dit que « si toutes
les pitounes ayant circulé sur la rivière depuis le début du siècle avaient été
mises bout à bout, elles auraient formé 22 fois la distance entre la Terre et
la Lune. » O_o
Mais
ce mode de transport, peu coûteux, est polluant, très polluant. Je ne comprenais
pas pourquoi ça l’été tant que ça. Le bois, c’est naturel, pourquoi ça
détruirait la faune et la flore des rivières ? Il faut savoir que le
flottage du bois permettait d’amollir le bois et défaisait l’écorce, deux
étapes nécessaire à la production de papier.
Cette
écorce tombait au fond de la rivière (mais aussi des lacs !) favorisant
ainsi la prolifération de bactéries, nuisant à l’écosystème ! Concernant
les lacs (en excluant les lacs de failles !), ces derniers sont déjà très
peu profonds en Abitibi, à cause du rehaussement du bouclier Canadien (environ
1 cm par an !). Les écorces s’accumulant au fond ont malheureusement contribué à l’augmentation du relief sous
marin.
Revenons
à la rivière Saint Maurice. Les habitants se sont battus pour le « dépitounage »
de leur rivière. Tout a commencé avec le slogan « Pour une rivière pêchable,
navigable et baignable ». Greenpeace s’est joint à leur cause. Après
plusieurs années de combat, l’arrêt complet du flottage du bois est réel en
1995. Les rives et la ravière sont nettoyées. Voilà pourquoi je dis que les
personnes de ma génération ont pu zapper cet épisode !
Les billes de bois sont désormais
transportées par camion. Est-ce moins polluant ?
Autrement,
à La Sarre, il y a aussi la Fromagerie où est fabriqué le fromage de la Vache à
Maillote. Le fromage composant le plat national du Québec ! Pour le
rattrapage sur la poutine, c’est iccitte ! J’y ai fais un petit tour … C’est
une fromagerie et une boulangerie … Voici leur site internet.
Sur
le retour, nous avons fait une petite halte sur l’île Nepawa. Nous pourrions
presque parler de presqu’île vu qu’elle n’est séparée de la terre que par une
petite rivière. Nous enjambons ce petit court d’eau grâce à un pont couvert !
Le premier que je voyais !
Les
ponts couverts sont typique de ces régions aux hivers rigoureux. La protection
des éléments en bois contre la détérioration provoquée par les intempéries
augmente considérablement leur durée de vie. Sans protection, un pont en bois
résiste entre 10 et 20 ans. Bien protégé et entretenu, un pont couvert peut
durer presque indéfiniment. Les plus vieux en Europe datent du 13ème
siècle ! Au Québec, les premiers ponts couverts sont apparus au début des
années 1800. Le plus vieux qui subsiste est le pont Percy en Montérégie,
construit en 1861.
En
Abitibi-Témiscamingue, le ministère de la Colonisation a fait ériger une
centaine de ponts dans le but d’accélérer le développement régional. Il reste
une vingtaine de ces « ponts de colonisation » dans la région, dont
deux à proximité d’Amos.
Au
fil du temps, plus de 1000 ponts couverts ont été construits au Québec, dont 88
subsistent encore de nos jours. Beaucoup furent remplacés par des structures en
béton pendant la modernisation du réseau routier. Depuis 1995, les Québécois
tentent de préserver ce qu’il reste de ces trésors de leur patrimoine !
L’île
Nepawa se situe sur le Lac Abitibi, à son extrémité Est ! C’est un des plus
grands lacs de la région, s’étendant d’Est en Ouest. La frontière avec l’Ontario
le traverse du Nord au Sud. Une seule et unique route traverse cette île, la
route Sainte Hélène-Île Nepawa.
Ce
qu’il y a de très étonnant sur ce « petit » lopin de terre, c’est la
présence du verger le plus au Nord du Québec ! Le verger de l'île fait
pousser des pommes depuis plus de 20 ans. Selon certains Québécois, il y aurait
un micro climat juste au dessus ! Nous n’avons pas fait la visite de cette
entreprise, me rappelant ma région natale : l’heure du souper était largement
dépassée !
Cependant,
quelques beaux « spots » ont été mis en boîte ! J’ai même pris
un cliché au même endroit que Mathieu Dupuis, un photographe originaire de l’Abitibi
Témiscamingue, ayant rendu hommage à sa région dans un magnifique livre.
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